Voilà, c'est Sarkozy 2

Publié le par politique-2012

Pierre Sellal, le représentant permanent de la France

à Bruxelles raconte, encore ébloui, le vote final du

dernier Conseil européen sous présidence française,

l’ultime moment où les Vingt-Sept doivent s’accorder sur

les conclusions des experts dans les cinq domaines mis

à leur programme par la France : trente pages écrites

dans un jargon mi-anglais, mi-français. Une mauvaise

synthèse des compromis. « Sur le dossier climat, qui

devait selon Nicolas Sarkozy faire de l’Europe le

champion de la lutte contre le réchauffement climatique,

j’ai admiré la façon dont il se l’est approprié. Il a passé

des heures à négocier avec les Polonais, les Tchèques,

les Slovaques, avec Angela Merkel, à accepter des

compromis pour les convaincre de conclure. » Il

poursuit : « Ce jour-là, nous nous réunissons tous à

9 heures. Le Président m’annonce : “A midi tout doit être

terminé.” Je lui réponds : “Monsieur le Président, il

faudrait d’abord donner au moins dix minutes aux

délégations pour qu’elles aient le temps de lire le texte.”

Il me répond : “Pas question on commence tout de suite,

mettez-vous à côté de moi.” On était à peine à la page 3

que tout le monde levait la main. Les chefs de

gouvernement n’y comprenaient rien. Chacun rajoutait

des amendements sur la suggestion de son conseiller

technique. Je lui passais des bouts de papier avec des

arguments pour répondre. Il les repoussait en me disant :

“Non, on continue.” Avec un culot incroyable, il a houspillé

tout le monde. Quelqu’un levait le doigt, il le rabrouait.

Les gens autour de la table étaient abasourdis. Et lui, il

avançait à la hussarde. Au bout d’une heure et demie, on

avait passé en revue les trente pages. Et c’est là qu’il a

conclu tout sourire : “Bon, puisque je vois que tout le

monde est d’accord, on signe.” Eh bien figurez-vous que

tout le monde s’est levé… pour l’applaudir. Une véritable

ovation. Tous étaient contents de terminer sur une note

positive. Et tous ont signé, heureux au fond de s’être faits

violenter. Ça, c’est Sarkozy. »

En tant que doyen, Silvio Berlusconi prend la parole

pour saluer « l’extraordinaire présidence française ». La

fascination l’a donc emporté sur l’agacement. « Il a

présidé avec brio », ajoute Gordon Brown.

« Lorsque Nicolas Sarkozy a pris la présidence de

l’Union, note Alain Lamassoure, tout le monde ressentait

le besoin d’un leader. Et il l’a été. Comme personne, il

sait motiver les gens pour faire avancer les dossiers.

Comme personne, il sait convaincre. Tous l’ont admiré,

mais ils ne sont pas tombés amoureux. Ses manières,

ses aspérités, les ont parfois chiffonnés car il peut

balancer des vacheries, mais le bateau européen

affrontaient les quarantièmes rugissants, on n’allait tout

de même pas reprocher au skipper d’avoir mauvais

caractère. » Cet ex-giscardien va même plus loin : « Il a

des qualités sur la scène internationale que je n’ai

connues à aucun autre. Ce qu’il a fait comme président

de l’Union, aucun, pas même Giscard, n’aurait été

capable de le faire. »

 

Extrait de "L'impétueux" de Catherine Nay

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